Deux “Falstaff”, à vingt ans d’écart
LE MONDE | 27.12.04 | 14h05
Les amateurs d’opéra ont, généralement, un fort penchant pour l’écoute comparée des interprétations. L’éditeur Andante les comblera. Dans un somptueux livre-CD (224 pages avec notice et livret en quatre langues), elle présente deux versions de Falstaff, le dernier opéra de Giuseppe Verdi, données à vingt ans d’intervalle au Festival de Salzbourg.
D’un coté, le 9 aout 1937, la dernière prestation d’Arturo Toscanini, devant un public qu’il a conquis en 1934 avec la meme œuvre. De l’autre, le 10 aout 1957, la première apparition d’Herbert von Karajan à la tete d’une équipe qui va légitimer son entrée en fonction comme directeur artistique du festival.
Dans les deux cas, les chœurs de l’Opéra de Vienne et l’Orchestre philharmonique de Vienne : le nec plus ultra de la profession.
En 1937, Toscanini est âgé de 70 ans et n’a plus rien à prouver… sauf que la dernière œuvre de Verdi ne doit rien à Wagner et que le compositeur italien ne lui est pas inférieur dans le génie visionnaire.
En 1957, Karajan est âgé de 49 ans. Il collectionne les postes-clés à Berlin (Philharmonie), Milan (La Scala) et Londres (Philharmonia). Il ne lui manque que la responsabilité du festival de sa ville natale, qu’il obtient quelques mois après la mort de Toscanini. Et l’ambitieux Autrichien choisit l’opéra fétiche du maestro italien, qu’il a pris depuis longtemps comme modèle.
Sur le détail de cette stratégie comme sur l’histoire du festival et sur les conditions techniques des captations (Toscanini avait accepté le recours au Selenophone, un système d’enregistrement sur film alors expérimenté, si le résultat n’était pas publié…), Gottfried Kraus fait le point dans un texte rédigé avec un grand sens de la narration.
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