Dans une foret glacée, un “Don Giovanni” entre baroque et romantisme
A Toulouse, une mise en scène originale gâchée par une direction sans finesse.
Toulouse de notre envoyée spéciale [Le Monde, 10 Feb 05]
Une vague forme humaine étendue dans la pénombre – gisant, dormant ? C’est Leporello. A coté, le fameux livre de comptes de Don Giovanni – mille et deux conquetes. Quelque part, la mille troisième est en train de se faire “inscrire” : Donna Elvira. La voilà d’ailleurs qui surgit, hors d’haleine, tâchant de démasquer son violeur.
Entre reve et réalité, monde intérieur et espace externe, Brigitte Jacques-Wajeman, qui signe là sa première mise en scène d’un opéra du répertoire, a choisi de confronter le désir vital à l’inconscient mortifère (les mortes eaux de décors en noir et blanc).
Les décors et costumes d’Emmanuel Peduzzi, les lumières latérales de Jean Kalman sont beaux : espaces nus et sophistiqués à la Giorgio Strehler, foret de grands chenes dont les futs pour l’affut se perdent dans les vertes frondaisons des cintres. Un monde entre baroque (des scènes de groupe à la Watteau, les deux orchestres viennois sur scène) et romantisme (les grands ciels à la Turner dévorant le fond) qui emprunte au symbolisme son apparente froideur.
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